Sélection TV hebdomadaire
Vendredi 19 décembre 2025
Peau d'âne
Film long métrage de Jacques Demy (France, 1970)
Vendredi 19 décembre 2025 à 21h05 sur
Durée : 90 minutes

Attention, objet de culte ! Où la magie du kitsch est un sommet de pop art, et le conte, une porte vers la transgression. Avec cette adaptation du conte de Perrault, Jacques Demy réalise son film le plus enchanteur et psychédélique. Il rend un hommage vibrant à Jean Cocteau : citation d’un de ses écrits comme « Poème des temps futurs », étincelants clins d’œil à La Belle et la Bête avec des statues humaines porteuses de chandeliers, des portes qui s’ouvrent toutes seules ou une rose qui parle, et, évidemment Jean Marais, en roi obstinément tenté par l’inceste.
Face à lui, Catherine Deneuve, sa beauté que rien ne semble pouvoir pervertir, et dont la sauvagerie même — en souillon recouverte d’une peau de bête — n’effraie pas un prince charmant qui s’ennuie… D’autres influences abondent, en un véritable jeu de piste artistique : Gustave Doré qui, en son temps, illustra le conte, versus Warhol et les couleurs pop pour réveiller l’univers médiéval, mais aussi Prévert et le Walt Disney de Blanche-Neige. La couleur s’impose comme un protagoniste : bleu et rouge pour les royaumes, mauve pour la fée des Lilas (inoubliable Delphine Seyrig), et, enfin, blanc immaculé lors de l’« hymen » final où la fée, encore elle, débarque en hélicoptère dans le plus bel anachronisme du cinéma. À l’exception de la robe « couleur du temps » avec ses nuages qui bougent sur fond de ciel, voilà bien une féerie sans Demy-teintes. (Télérama)
Samedi 20 décembre 2025
OKI
Les origines de Noël
Samedi 20 décembre 2025 à 9h50 sur
Durée : 12 minutes SHS 22 EN 21

Entre traditions, histoires familiales et moments de partage, OKI vous explique comment cette fête est devenue l’un des grands rendez-vous de l’année. (RTS)
Les émissions et le matériel pédagogique de OKI
Le Château ambulant
Film d'animation long métrage de Hayao Miyazaki (Japon 2004)
Samedi 20 décembre 2025 à 21h05 sur
Durée : 105 minutes

Grinçant, soufflant, cahotant, le château ambulant est un géant aux allures de poulet subclaquant, une machinerie infernale, délire de rouages et de coursives. Cet engin magique est, à proprement parler, le moteur du dessin animé : un excitant principe de mouvement, un puissant véhicule narratif. Grotesque et grandiose, il s’ouvre à volonté sur des lieux différents : des rues paisibles, des mondes oniriques… Un dispositif qui permet à Hayao Miyazaki de construire, à partir de ce centre, un récit en étoile d’une extraordinaire richesse. Une demoiselle, Sophie, modiste modeste, croise dans la rue Hauru, dandy magicien vêtu comme une pop star des années 1970. C’est le début d’une étrange aventure…
Dans ce conte, Miyazaki glisse son propre univers, à profusion. Le royaume d’opérette où se situe l’action, sorte de pâtisserie autrichienne irréelle, rappelle la ville de Kiki la petite sorcière. Les machines volantes évoquent tour à tour Porco Rosso et Le Château dans le ciel. Et les ectoplasmes noirs qui servent une terrible « sorcière des landes » paraissent échappés de la faune mythologique du Voyage de Chihiro.
Le film semble ainsi concentrer toute l’œuvre du maître japonais, parade somptueuse de ses créatures chimériques et ambiguës, de ses fantasmes d’apesanteur et d’univers parallèles, de ses hantises… Débordant de trouvailles ébouriffantes, entre l’esthétique rétrofuturiste des machines et la limpidité des paysages, le voyage est pourtant, au-delà de ces références, profondément, merveilleusement singulier. (Télérama)
Dimanche 21 décembre 2025
La Ruée vers l'or
Film long métrage de Charles Chaplin (USA, 2025)
Dimanche 21 décembre 2025 à 15h20 sur
Durée : 70 minutes EN 21-31
D’une beauté visuelle incomparable, ce chef-d’oeuvre intemporel de Chaplin révèle la dimension tragique d’un solitaire confronté au désert physique et sentimental.

1896, dans le Klondike, au Canada. Charlot entreprend, comme des milliers d’aventuriers, de chercher fortune dans les immenses étendues glacées du Yukon. Pris dans une tempête de neige, il trouve refuge dans la cabane isolée de Black Larsen, un repris de justice. Lui aussi en quête d’un abri, Big Jim, un autre prospecteur, se joint à eux. Tous trois sont tenaillés par la faim…
L’intensité expressive n’a jamais été plus frappante que dans ce film de Charlie Chaplin, dont certaines images évoquent les eaux-fortes de Rembrandt. La nature hostile y crée une poignante impression de solitude, où s’exprime à merveille la grandeur tragique de Charlot, confronté au froid et à la faim. Sa silhouette grêle et les gestes lyriques de Big Jim (Mack Swain), face à l’immensité blanche, comptent parmi les plus beaux motifs de cette symphonie en noir et blanc. Dans La ruée vers l’or, le rire oppresse, pour la première fois, comme une souffrance physique, et quand Charlot s’amourache de Georgia (Georgia Hale), la danse qui unit ces deux êtres solitaires a tout d’une incantation. Un chef-d’œuvre intemporel. (Arte)
Lundi 22 décembre 2025
Princesse Mononoke
Film d'animation long métrage de Hayao Miyasaki (Japon, 1997)
Lundi 22 décembre 2025 à 21h05 sur
Durée : 130 minutes

C’est avec ce film que Hayao Miyazaki s’imposa dans le monde entier comme l’empereur incontesté du cinéma d’animation. Et c’est peut-être ce septième long métrage, encore plus que le suivant, Le Voyage de Chihiro, qui, aujourd’hui, de vision en vision, s’impose comme le plus riche, complexe, et d’une beauté absolument hypnotique.
L’histoire commence avec un sanglier géant devenu démon qui blesse (ou plutôt empoisonne) le noble guerrier Ashitaka. Début d’un voyage ô combien initiatique et mouvementé pour le jeune homme condamné à partir à la recherche du dieu-cerf, la seule puissance capable de défaire le sortilège qui lui dévore le bras, dans une forêt enchantée, pleine d’esprits et de souffrances. Ashitaka se retrouve au cœur d’une lutte sans merci entre Dame Eboshi, patronne des forges qui détruisent la nature environnante, et San, jeune sauvage élevée par des loups et prête à donner sa vie pour la préservation de la forêt.
Mais aucun synopsis ne peut résumer ce questionnement sur l’écologie et cette plongée magique, épique, féministe et follement guerrière où les cadavres de sangliers vengeurs et de violents samouraïs finissent empilés dans la boue pendant qu’un groupe de femmes résiste et qu’un sublime dieu à la couronne de bois ravage tout à la recherche de sa tête coupée…
Jamais, peut-être, film d’animation n’a autant refusé le manichéisme, et brassé de réflexions sur le courage, collectif comme individuel : dans ce chef-d’œuvre sous influence shintoïste, Miyazaki fait de Dame Eboshi une partisane de l’humain, protectrice de travailleuses du sexe, devenues d’insolentes ouvrières, et de lépreux sur lesquels repose l’artillerie de la communauté. Mais de l’autre, il donne raison à cette Princesse Mononoké humaine mais convertie à un écologisme radical. On se sert à tort et à travers du « Ce qui est terrible sur cette terre, c’est que tout le monde a ses raisons » issu de La Règle du jeu, de Jean Renoir, mais c’est peut-être avec ce grand film japonais de guerre animé que cette phrase trouve sa plus somptueuse illustration, dans un camaïeu de verts que personne, jamais, n’avait à ce point sanctifié. (Télérama)
Mardi 23 décembre 2025
Mémoire(s) de La Chaux-de-Fonds
Mardi 23 décembre 2025 à 20h05 sur
Durée : 48 minutes

Des images d’époque, récits oubliés et témoignages vivants redonnent vie aux histoires locales qui ont façonné l’identité de la métropole horlogère. Cet épisode explore les traces laissées par les générations précédentes, entre traditions, vie quotidienne et mémoire collective, offrant au spectateur un moment suspendu entre hier et aujourd’hui. (RTS)
Vendredi 26 décembre 2025
Le Garçon et le Héron
Film d'animation long métrage de Hayao Miyazaki (Japon, 2023)
Vendredi 26 décembre 2025 à 21h05 sur
Durée : 115 minutes

Tokyo convulse sous les bombes, et tout l’écran s’embrase. Comme dans Le vent se lève, son précédent long métrage, Hayao Miyazaki nous précipite en pleine Seconde Guerre mondiale. L’hôpital où se trouvait la mère de Mahito, 11 ans, est réduit en cendres. On évacue l’orphelin à la campagne, où il rencontre un mystérieux héron cendré, qui n’est ni tout à fait un oiseau, ni tout à fait de ce monde…
À l’image de cet étrange volatile, Le Garçon et le Héron est un film monstre et fascinant, animé à la main et à l’ancienne, comme toujours. Une œuvre gigogne qui en contient plusieurs, de la plus délicate des chroniques sur le deuil, l’enfance et la famille, jusqu’à la plus débridée des fantasmagories. Pour son ultime long métrage (à ce jour), c’est comme si le maître japonais, 84 ans, avait voulu invoquer tous ses fantômes en même temps, à commencer par ceux de ses parents, une mère tuberculeuse et un père absorbé par son travail à la tête d’une usine d’armement, comme celui du jeune Mahito. Les tribulations du garçon ont beau être adaptées de How Do You Live ?, un roman écrit en 1937 par Genzaburō Yoshino, elles s’inspirent plus encore de la longue procession de gamins qui traversent toute la filmographie de l’artiste, de Nausicaä de la
vallée du vent au voyage de Chihiro.
Où s’en vont presque invariablement ces filles et ces garçons perdus ? De l’autre côté du miroir, sur des territoires oniriques où le génie du Studio Ghibli peut donner toute la mesure de sa maîtrise picturale et de son imagination prolifique. Un univers fantastique où le cinéaste entrelace ses réflexions sur la création, la postérité, la hantise du déclin et du néant… Une magie noire et blanche, préservée au cœur d’un film archive : rien ne meurt, tout se conserve et se transforme. À la place du testament attendu, Hayao Miyazaki nous communique un désir d’éternité. (Télérama)
Dimanche 28 décembre 2025
Ernest et Célestine - Le voyage en Charabie
Film d'animation de Jean-Christophe Roger et Julien Chheng (France, 2022)
Dimanche 28 décembre 2025 à 9h45 sur
Durée : 77 minutes EN 21

Ernest et Célestine retournent au pays d’Ernest, la Charabie, pour faire réparer son précieux violon cassé. Ils découvrent alors que la musique est bannie dans tout le pays depuis plusieurs années. Pour nos deux héros, il est impensable de vivre sans musique ! Accompagnés de complices, dont un mystérieux justicier masqué, Ernest et Célestine vont tenter de réparer cette injustice afin de ramener la joie au pays des ours. (RTS)
Vendredi 2 janvier 2026
Annette
Film long métrage de Leos Carax (France, 2021)
Vendredi 2 janvier 2026 à 00h50 sur
Durée : 134 minutes

Los Angeles, de nos jours. Henry est un comédien de stand-up à l’humour féroce et Ann, une cantatrice de renommée internationale. Ensemble, sous le feu des projecteurs, ils forment un couple épanoui et glamour. La naissance de leur premier enfant, Annette, une fillette mystérieuse au destin exceptionnel, va bouleverser leur vie. (RTS)
Samedi 3 janvier 2026
Anime, une épopée japonaise
(1/2) Les origines et le triomphe
(2/2) La création et l'héritage
Film documentaire de Nicolas Bertrand (France, 2024)
Samedi 3 janvier 2026 à 10h50 sur
Durée : 2 x 52 minutes EN 21-31

En un siècle, l’animation japonaise s’est imposée comme un pilier de la culture mondiale, portée par des oeuvres incontournables dont l’influence dépasse les frontières et fédère tous les publics. À l’origine de ce succès retentissant, une histoire singulière façonnée par des personnalités visionnaires, auteurs, producteurs, réalisateurs, animateurs, entièrement dédiées à repousser les limites de la création. Témoins et acteurs de son rayonnement, ils lèvent le voile sur les origines de cet art et nous plongent au coeur des studios emblématiques, révélant les coulisses et secrets de fabrication d’un savoir-faire unique au monde. (RTS)
Renaissance, une époque de sang et de beauté
(1/3) L'ascension
(2/3) La rivalité
(3/3) La rédemption
Série documentaire d'Emma Frank (Grande-Bretagne, 2024)
Samedi 3 janvier 2026 à 20h55 sur
Durée : 3 x 52 minutes SHS 32
De Florence à Milan et Rome, cette série documentaire de la BBC révèle les contextes tourmentés au cours desquels Michel-Ange, Léonard de Vinci et Raphaël ont livré leurs chefs-d’oeuvre.

Florence, 1490. Dessinateur talentueux, le jeune Toscan Michel-Ange Buonarroti entre comme apprenti au prestigieux jardin de sculptures de San Marco. L’académie artistique est soutenue par le plus puissant mécène de la ville : Laurent de Médicis. Grand collectionneur, ce dernier a compris que l’art était un outil de communication politique dans une péninsule italienne composée de duchés, de républiques et de cités-États rivaux, en guerres perpétuelles et menacés à l’extérieur par le royaume de France et l’empire des Habsbourg.
Entouré de philosophes et de penseurs, Michel-Ange se lance dans sa première sculpture d’envergure : La bataille des centaures (1492). Pendant ce temps, Léonard de Vinci peine à trouver des commandes pour son atelier de Florence. Ignoré par les Médicis, il va offrir ses services à Ludovic Sforza, le régent du duché de Milan, qui a besoin de consolider son pouvoir. C’est en tant qu'ingénieur que Léonard l’approche, en lui proposant de concevoir des machines de guerre et des décors de théâtre. Après avoir peint La dame à l’hermine, un portrait de la maîtresse de son mécène, il se lance dans la réalisation de la plus grande statue équestre conçue depuis l'Antiquité. Mais avant qu'il ne puisse en couler le bronze, Milan est plongé dans un nouveau conflit avec les États voisins. En 1494, deux ans après la mort de Laurent de Médicis, Florence tombe sous l’influence du prédicateur fondamentaliste Savonarole, qui bannit les arts…
La force de l’émulation
À partir de la fin du XVe siècle, la péninsule italienne a été le théâtre de violentes crises politiques, religieuses ou de succession, de soubresauts et de conflits sanglants. De Florence à Milan, de Rome à la cour de François Ier, des hommes de pouvoir – ducs, princes, cardinaux, papes ou rois –, ont pourtant su faire émerger trois des plus grands talents de l’histoire moderne de l’art occidental. S’appuyant notamment sur les écrits de Michel-Ange, incarné par le comédien britannique Charles Dance (Frankenstein de Guillermo del Toro), cette ambitieuse série documentaire-fiction de la BBC croise la trajectoire artistique du peintre et sculpteur toscan avec celle de ses deux principaux contemporains, Léonard de Vinci et Raphaël. Ponctués des éclairages apportés par des artistes (Antony Gormley, Alison Lapper et David LaChapelle), des historiens et des biographes, ses trois volets révèlent les contextes historiques tourmentés au cours desquels, par la force de l’émulation et malgré leurs rivalités, ces trois maîtres de la Renaissance ont entrepris ou réalisé des chefs-d’œuvre. (Arte)
Mardi 6 janvier 2026
Narcotrafic, le poison de l'Europe
(1/3) La richesse d'une nation
(2/3) La faiblesse des États
Film documentaire de Christophe Bouquet et Mahieu Verboud (France, 2025)
Mardi 6 janvier 2026 à 21h sur
durée : 2 x 52 minutes SHS 31-32
Dix ans avant la France ou la Suède, les Pays-Bas et la Belgique ont dû faire face à une criminalité ultraviolente organisée autour de la cocaïne latino-américaine. Partant du "maxi procès" qui, de 2019 à 2024, en a révélé les contours inédits, ce premier volet remonte à la source : l'ascension, dès le XVIe siècle, d'un petit royaume champion du commerce international, qui va miser sur l'opium…

Pendant des siècles, les Pays-Bas ont bâti leur prospérité sur la maîtrise des océans, la conquête coloniale et un capitalisme fondé sur le commerce mondial. Mais derrière les façades des splendides demeures bordant les canaux d’Amsterdam se cache une histoire oubliée : celle d’un pays pionnier du trafic de drogue. Des fumeries coloniales au haschich marocain en passant par les drogues de synthèse, ce premier épisode révèle comment l’histoire économique néerlandaise a créé une zone grise entre légalité et criminalité. Une zone qui va ouvrir la voie à des organisations criminelles capables d’une violence encore inconnue en Europe. Au début du XXIe siècle, une nouvelle génération, issue pour une bonne part des quartiers populaires, s’intéresse à la nouvelle drogue du moment : la cocaïne. Une nébuleuse criminelle va bientôt faire les gros titres, la mal nommée "Mocro Maffia"…
Urgence à agir
Au travers de cette histoire néerlandaise méconnue en France, Christophe Bouquet et Mathieu Verboud montrent comment l'afflux de cocaïne en Europe a donné naissance à une criminalité d'un nouveau type, ultraviolente et plus désorganisée qu'organisée, dont le terme de mafia occulte la réalité. Si la ville de Marseille en est devenue la victime française la plus visible, son territoire mouvant s'avère mondial. Car à l'instar du capitalisme débridé qui cherche à imposer aux États son refus de toute régulation, et dont il se révèle un reflet parmi d'autres, ce narcotrafic 2.0 prospère sur les zones grises d'une économie où flux légaux et illégaux s'interpénètrent toujours davantage. Cette enquête captivante et dense, tissée d'entretiens, d'images d'archives et de prises de vues inédites, alerte sur l'urgence à agir tout en dévoilant les racines et les conséquences mortifères du phénomène. Forts de plus de dix ans de patientes recherches, leurs interlocuteurs – chercheurs, journalistes, policiers, magistrats ou douaniers – disposent en effet d'une longueur d'avance pour en mesurer le danger sur nos démocraties. (Arte)
Tre Piani
Film long métrage de Nanni Moretti (Italie, 2021)
Mardi 6 janvier 2026 à 23h10 sur
Durée : 114 minutes

Un accident bouleverse la vie d’un immeuble romain. Avec ce récit en trois époques, Nanni Moretti est plus sombre que jamais, mais toujours émouvant.
Même s’il est allé puiser dans la littérature, c’est sans doute à la densité narrative des séries que Nanni Moretti entend se confronter, avec ces intrigues croisées, riches en personnages et en rebondissements. On suit, en trois époques, la vie des habitants d’un bel immeuble de Rome — dans le roman adapté, Trois Étages, de l’Israélien Eshkol Nevo, l’histoire se déroulait à Tel-Aviv. Il y a d’abord le choc et l’effroi d’un accident, une nuit : un adolescent de l’immeuble, ivre au volant, renverse une passante enceinte, défonce un mur de briques de verre du rez-de-chaussée et finit sa course dans un appartement.
Les conséquences de ce drame sont multiples : l’affrontement destructeur entre l’adolescent coupable d’homicide involontaire et ses parents, tous deux magistrats ; le soupçon d’agression sexuelle contre une fillette par un voisin de palier retraité à qui elle avait été confiée pendant les événements ; une idylle transgressive entre le père de cette enfant et la petite-fille encore mineure du même retraité…
Plus sombre que jamais
En dépit de cette profusion inattendue, Tre piani donne souvent l’impression de retrouver un Nanni Moretti familier, celui de La Chambre du fils (2001) plutôt que de Habemus papam (2011). Un Moretti certes plus sombre que jamais, mais émouvant, humaniste, sinon humble. Moins soucieux, cette fois, de briller par des trouvailles de mise en scène que d’accompagner ses personnages éprouvés vers une certaine résilience, ou, du moins, une consolation. (Télérama)